C’est le 9 Janvier 2010 , que j’ai reçu ce recueil de Nadol’s,
Non, en ce jour là personne ne pouvait se douter qu’Haïti
avait entamé son compte à rebours.
Mais un poète, porte en lui les cauchemars présents et à venir :
« Il y a eu ce vol d’oiseau
pour faire de moi l’enveloppe
d’une île de douleur «
C’est la complainte qui retentit depuis toujours, d’un bout à l’autre
d’une terre faite pour le Paradis, mais qui souvent a connu l’enfer.
Terre où vibrent l’azur et la lumière dans une prison de cristal.
Le poète rêve de grands départs , il ne cesse d’évaluer les kilomètres
qui le séparent de la liberté intérieure aussi bien que concrète.
Il se sent captif des étendues liquides …. partir…. Mais le voyage n’est
que circonvolutions de l’esprit, et futur inaccessible.
« pauvre choix de construire mes kilomètres depuis ma tête «
Cependant dans le présent, cet espace-temps facile à saisir, se trouve le plaisir, la sensualité, l’amour ,consolation et patience.
Eléments essentiels qui l’éloignent de l’enfance :
« J’arrive à sécher mes larmes adolescentes
dans les tourbillons d’extases «
Car un jeune poète, est surtout un homme jeune, qui sait à quelle
source s’abreuver pour y trouver sa force :
« parce qu’un poète
est une bête en chaleur
pour qui plaisir et douleur
sont jumeaux «
la femme déjà est son aboutissement, plus tard elle deviendra son Graal !
« parce qu’au sprint final
tu seras mon trophée «
Mais pour l’auteur, voyage et poésie procèdent d’une même déclinaison. Exercice d’écriture, sans doute, mais c’est le désir de fuir, de découverte , l’appel d’un ailleurs imprécis :
« voyage folie
voyage silence
voyage aux kilomètres menteurs «
Le voyage, la vie, Nadol’s sent bien que tout n’est qu’illusion,
et que le bonheur n’est qu’une infime lueur arrachée à la nuit :
« on n’apprend pas la vie
dans le tremblement des tourbillons de rêves «
Tout poète est également voyant, on pourrait croire que ces vers sont nés après le 12 Janvier 2010 :
« et si un jour
notre douleur collective arrive chez moi
dis- lui que chez moi n’est plus chez moi
que bonheur n’est plus que douleur,
que j’ai changé de quotidien «
Car ce pays n’a cessé d’avancer portant par devers lui , révolutions, massacres, cyclones, cataclysmes .
Sa force de résistance demeure intacte, au-delà de la distance entre les êtres, de la distance entre l’être et ses rêves,
Malgré la rumeur qui jette le trouble au fond des âmes, il n’est qu’une réponse , depuis les origines :
« dis-moi
de quelle tristesse j’ai peint le vide
de quelle saveur je goûterai ton sucre
de quelle jarretelle j’ôterai ton pain «
une réponse née des lèvres de l’amour.
Nadol’s s’inscrit dans la poésie haïtienne, parmi les jeunes poètes de sa génération . De part sa sensibilité, son amour de la vie, sa manière de transcender les blessures, sa voix se mêle à toutes celles qui savent témoigner, de l’âpreté , comme de l’extase de la vie.
Nous lui souhaitant d’aller le plus loin possible dans sa recherche de l’être, par l’exigence de l’écriture, qui le mènera comme toute création artistique, jusqu’au bout de lui –même , dans le plaisir du partage.
Denise BERNHARDT
Sociétaire des Poètes Français
Montmorency, le 25 Avril 2010
Notice Bibliographique:
Nadol's a vu le jour le 3 décembre 1982 à Port-au-Prince.Il sa suivi des études en Communication Sociale dans sa ville natale. Poète, il a déjà publié des textes dans divers collectifs et revues poétiques. Il a aussi participé au Festival " Jacmel Ville ouverte"avec Edgard Gousse en 2006 et au printemps des poètes en 2004 et 2009. Comédien, il a joué pour Créole crée art et autres troupes et ateliers.