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  • LE VOYAGEUR





    Tu as tout emporté de tes mots
    Ayant labouré mes terres de poésie.
    Je ne rêve plus,
    Depuis que tu vis dans ta ville poussière
    Entre faims et cyclones
    Vous vous aimez jour après jour,
    Jouant à corps perdus
    Aux champs laiteux des nébuleuses.
    Je ne rêve plus
    Je n’ai que tes « je t’aime »
    Qui s’accrochent –gouttes de lumière –
    Aux crosses des fougères
    Qui furent notre nid
    Aux ciels de pluie.
    Amour dessiné en filigrane …
    Travelling sur un rail
    Des voix qui s’éraillent
    Au bout des paysages.
    Tap tap, ta voix qui se perd,
    Cris de femmes, rires d’enfants
    Ruches affolées
    Vacarmes
    Eclats dans mon silence
    Discordances.
    L’espace se distend
    Dans cette vie que tu traînes
    Et qui t’entraîne à contre amour.

    Ma barque a sombré dans tes incohérences.
    Une année recommence
    Et tu n’as jamais retrouvé
    Ce goût de France sous ta langue.
    Le glissement de tes mains dans mes cheveux
    Mon visage humide sous tes baisers
    Et nos souffles suspendus
    Dans ces instants d’éternité
    Que nous avions volés
    Qui nous étaient donnés.


    Denise Bernhardt, 15 Novembre 2008