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  • Rythmes et claquements de mots



    Sur les murs de la Faculté des Sciences Humaines (FASCH), l'écriture vit dans son bleu, se cogne dans son azur et vibre son libre vent. Une poésie qui traduit une nouvelle expérience de se libérer des canons traditionnels.

    J'ai bien pris soin de jauger avant de me prononcer sur l'ensemble des écrits de la FASCH, éclatant de sensation euphorique, qui fascinent en grande partie. Cela m'a coûté plus de deux ans d'ambiance, d'observation, de vie et de satisfaction intérieure.

    Partout, s'exposent des rythmes, des claquements de mots, d'émotions, de sensations..., des poètes comme : Max junior Raymond, Handy Leroy, Cheriscler Evens, Wilson Jean-Baptiste, Gary Joseph, Eddy Robenson, Charitable Duckens, Gilot J. Davidson, Mlikadol's Mentor, Lefranc Joseph, Youkens Leroy et autres. Ils se livrent dans un combat ayant pour arme : la poésie. Arme dans le sens de livrer leurs pensées, d'exposer ce qu'ils sentent et ce qu'ils ressentent.

    Ces jeunes apportent leur contribution à la construction du panorama de leur époque. Ont-ils un cercle, une école, ou bien sont-ils animés par une même réalité ou un même courant de pensée ? Ils libèrent leurs pensées suivant leurs choix et la façon dont la poésie s'ancre dans leurs esprits de créativité.

    « J'ai peur des fins de rire
    Ces ultimes instants qui nous rappellent
    Notre fin prochaine
    Ces ultimes instants
    Où le visage regarde sa face
    Nous sommes une rupture du temps »
    (Handy Leroy)

    « La douleur
    Ornement de trépas
    Vie comme sifflement de cimetière »
    (Mlikadol's Mentor)

    « Cette ville avec ses madras aux orteils
    Sa dose d'assorosis
    Cette ville qui crie au feu
    A chaque bâillement de midi
    Je ne suis pas cet orphelin morne et désespéré
    Sans père ni mère
    Tel Port-au prince sans ses rues aînées »
    (Gilot J. Davidson)

    « Douvan pòt malè
    Antèman bat plezi
    Dlo je
    Pete kannkès bwa chèn
    Epi trennen mòn lopital desann
    Ti kal pa ti kal sou pòtay »
    (Wilson Jean-Baptiste)

    « Les hiatus des oiseaux
    Dans l'espace
    Ont le songe des ailes
    Le sel dans son dégoût
    pour lamer
    Neige des nuits bleues
    Dans l'ivresse des vestiges
    Et ma poésie de vers de pluies vertes
    Pour l'amour destiné aux cruches
    Crée des enfants qui ont le rire
    Pour récolte nouvelle »
    (Gary Joseph)

    « Le soleil s'éteint
    L'aube endeuillée
    Envie à la nuit
    Sa clarté de bouts
    D'étoiles
    Oh ! Nostalgie du bonheur
    Tu fuis la demeure du poète
    Comme la venue esseulée
    Tourne le dos au tableau »
    (Cheriscler Evens)
    La dimension poétique de ces étudiants peut damer le pion aux idées préconçues, aux stéréotypes engagés. Leurs textes constituent « pouvoir former et pouvoir vivifier ». C'est-à-dire ils présentent : forme, vie et existence. L'ensemble qui traverse leurs oeuvres ne peut pas se détacher de la création, principe fondamental de l'art. Ici nous rejoingnons Jean-Pierre Richard pour qui, « ce qui signale toute grande oeuvre d'art, c'est assurément sa cohérence interne ».

    Les poèmes de ces derniers détiennent une profondeur qui s'affiche par la création. Par le silence esthétique, la valeur et la qualité produite de la contemplation vers la consommation.

    En effet, dans une société, l'appréciation des valeurs ne doit pas être figée vers un seul groupe, soit un clan prétendant seul capable de juger les valeurs des autres par son égocentrisme. En Haïti, beaucoup de poètes évoluent dans l'anonymat. On les retrouve à la FASCH, à la FLA, à l'ENS, à l'ISERSS, etc. Et on les qualifie de « jeunes poètes ». Une idée chargée de prétentions.

    Dans la mesure où la création suppose une interrelation entre les conditions esthétiques et les conditions anesthétiques, comment peut-on être jeune à partir de sa propre émotion ? Si le poète a pour mission de sublimer, de s'extérioriser à partir de ce qu'il sent ou ressent, est-ce le processus qui peut être jeune ou bien la finalité ? Ou encore doit-on comprendre l'idée de jeune poète suivant une vision, le nombre de temps ou l'âge ?

    Je ne pose pas la problématique de "Jeunes poètes" dans toute sa dimension, puisqu'elle n'était pas ma préoccupation première. Le concept de "Jeunes poètes" est ambigu. Nos devanciers l'ont utilisé sans parler de son essence.

    S'il faut considérer l'évolution, la mouvance, la fulgurance et la richesse de la littéraire haïtienne, il est nécessaire que les efforts de création des poètes soient pris en compte. Leurs efforts sont appelés à être appréciés. Ils ont leur place dans les catégories existantes favorisant le rehaussement et l'enrichissement des oeuvres littéraires haïtiennes.

    Notre société est une ouverture non encore définie à travers laquelle l'écriture doit avoir une vie. Ainsi, ces poètes n'éteindront pas les flammes fertilisantes des côtes. Au contraire, ils s'attacheront aux bulles fleurissantes des grands vers qui nagent sous la lumière luisant d'un panorama dont je souhaiterais sans portes à demi-mesures.

    Puisque la poésie ne peut-être considérée comme un outil réactionnaire, jusques à quand les auteurs inédits sortiront-ils du labyrinthe ?
    Joseph Sony JEAN
    sonyvil10@yahoo.fr