Encore une fois, la parole se fait chanson
Rien qu'avec sa voix et sa guitare, Wooly Saint-Louis Jean baptise les plus beaux textes de nos poètes contemporains en chansons. Ainsi, avec une pléiade d'artistes, notamment les musiciens et littérateurs à avoir contribué à la parution de son deuxième album « Eta'n Sinik » : cet Artibonitien qui a fêté ses 44 ans le lundi 12 septembre 2011, a offert durant la soirée du jeudi 5 décembre, dans les jardins de l'Institut Français d'Haïti (IFH), un copieux spectacle où s'accouplaient symphonies et poésies.
Si à ses débuts, Wooly Saint-Louis s'entichait de la poésie de Syto Cavé, à travers son deuxième laser qu'il a enregistré au Centre Culturel Créolo-lolo de Pierre Rigaud Chéry et Chantal Drice et au studio de Fabrice Rousier à Bois-Moquette : le mélomane et lecteur avisé, pourra redécouvrir certains textes tirés directement du répertoire d'Emelie Prophète, de James Noël, de Guy Regis Jr, de Gary Victor, de Mackendy Orcel, de Lionel Trouillot, d'Avain, de Bonel Auguste et, une fois de plus, de Syto Cavé.
Le texte principal du CD, « Eta'n Sinik » est du poète, dramaturge et metteur en scène Guy Regis Junior. Selon Wooly, ce texte mais aussi tout le disque, c'est sa manière à lui de conscientiser ses frères Haïtiens sur l'état lamentable du pays, près de deux ans après le séisme du 12 janvier. De sa voix, qui peut se faire traînante ou imposante selon la ponctuation du texte auquel il veut insuffler une nouvelle forme de vie, Wooly Saint-Louis a chanté pour un public select. Comme Victor Hugo l'explique dans sa poésie, « les mots » étaient sortis de livres pour s'anthropomorphiser. La tension était palpable et le spectre des phrases savamment écrites était visible à l'Institut Français. Corinne Micaelli, la directrice de l'Institut avait profité de la vente-signature du second laser de Wooly pour rouvrir les portes de l'IFH et lancer ses activités pour 2012.
En levée de rideau, Pierre Rigaud Chéry. Ses trois morceaux en guise d'apéritif, rien de mieux pour préparer les 200 personnes environ à faire le déplacement à ce qui les attendait. Tout de suite après, la place fut cédé à Harry Juste avec qui Wooly Saint-Louis, pour le délice des fans, avait chanté en choeur le premier morceau. Renette Désir, quant à elle, n'était pas au meilleur de sa forme. Toutefois, la complaisance du public aidant, elle n'était pas passée inaperçue. Turgot Théodat, l'un des initiateurs du mouvement Vaudou-Jazz en Haïti, cet ancien doyen de l'école Nationale des Arts (ENART), n'a pas voulu quitter les sentiers battus et faire virevolter le public dans des airs de Jazz comme il le fait si bien hors de nos frontières. Avec sa flûte d'abord et son lambi après, il s'est plutôt montré attaché à nos eus et coutumes, aux rites de chez nous. |
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Duckenson Lazard |
Source: http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=101327