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UN POÈTE À LA DÉRIVE Ou l´angoisse existentielle

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J´aime cette partie pourrie de moi. Cette belle part qui m´enchante moi-même.  Et que je ne sois guère cet orange pourri dans le panier, ni le fruit mûr dans le panier pourri. Ni l´oppresseur ni l´opprimé. Ben je ne veux être ni l´un ni l´autre, ni l´opposé ni l´inverse, ni le revers ni l´avers, ni le recto ou le verso. Et pourtant bon sang, je fais l´éloge de la pourriture, cette pourriture-nourriture-ordure qui alimente mes nerfs... Qu´elle soit engrais de mon existence fabuleuse, la vivace richesse de mon cerveau… Et ma vie est donc une fiction que je vis réellement. Ma vie est nausées, vomissures luxuriantes-exubérantes-surabondantes. Précieux liquides qui arrosent mes jours, véritable diarrhée de mes rêves insomniaques. Je vis dans l´outrance des choses. Surabondance de faits macabres. Ah ! Le monde est injuste dit-on. Et moi j´aime cette mare de mots s´endormant dans ma tête, s´agitant par moments, filtrant mon hypothalamus, catalysant-électrolysant le drame, si excessif, quantitatif à l´extrême dans toutes ses couleurs…  Et le poème est catalyseur, électrolyseur de tous ces mécanismes complexes, complexités qui se compliquent encore… dans la chevelure des grandes énigmes. Ma vie est péchés-dettes-cauchemars, emballée de doutes, de déroutes, autant de virages de détours insulaires, toutes ces entreprises aléatoires. Et je deviens ce criminel du langage, l´homme qui se pend à rebours dans l´abîme des mots.  Mi-humain mi-centaure, je remonte la pente de mes souvenirs moribonds. Tous ces miasmes de souvenirs qui puent, en collision dans ma mémoire,  bons ou mauvais qui m´emmerdent, me tenaillant sans nulle trêve. Ben j´aimerais bien y retourner à la source de mon enfance, y puiser la sève première, les berceuses maternelles, tous ces chants innombrables, ces biberons de lait qui me faisaient dormir. J´aimerais bien y retourner. Mais hélas ! Ce cycle est déjà révolu.  Or ma jeunesse m´ennuie. Ouf ! Le vrai sens de la vie, c´est que la vie n´a pas de sens, n´a aucun sens d´ailleurs. Et le mal triomphe, et le malheur s´en fout de nous. Et l´homme, avec ses petits yeux de panthère sauvage, y met sa petite bouche dans son cul, dans son anus pardon, s´empiffrant de toutes ses merdes en putréfaction. Et, il semble que tout ça, soit encore insuffisant. Ben l´homme s´y plonge tête en bas dans les latrines populaires, et mange, et mange, insatiablement… Pourriture putréfiée*. Pourrissement.  Décomposition de la matière la plus vile de l´homme. Et merde ! Que d´horreurs sur la planète ! Inimaginables conneries. Abominations massives. Meurtres. Forfaits. Crimes. Vols. Viols. Outrance de luxure des reins. Toutes les sottises de la plus basse espèce. Ah ! L´homme : blasphémateur dans ses entrailles les plus profondes ! Et ce n´est point par amour que l´on vit des fois, mais par devoir d´affronter toutes les férocités de la réalité. Alors le monde s´anéantit graduellement, et moi je m´anéantis aussi avec lui.  Et je suis devenu ce Centaure martelant la bêtise, la donnant sa juste forme. Et mon poème est si salé, si sale, arrosé de toutes ces vermines, de tous ces sauces-puanteurs.  Poète-assassin, j´ai un morceau de viande crue dans ma gueule. La vie est crue, cruelle/ crue-elle, si terrible dans sa cruauté de fer. Et je suis obsédé par ce côté cru, cette crudité perpétuelle des choses. Poète à la dérive, j´habite mes rues de crasses, peuplées de mouches. Et je slalome à l´envers dans mes périmètres de sang, dans ma quête sadomasochiste néantiste*. Et je me fonds en fumée, je me fais donc vapeur pour vivre. Je suis de race hybride, race inconnue de nulle part.

 

© Raynaldo Pierre Louis, samedi 12 juillet 2014

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