Oh! Oh!
Les oiseaux
morts
Les oiseaux
les colombes
nos mains
Qu'est-ce qu'elles ont eu
qu'elles ne se reconnaissent plus
On les a vues autrefois
Se rencontrer dans la pleine clarté
se balancer dans le ciel
se côtoyer avec tant de plaisir
et se connaître
dans une telle douceur
Qu'est-ce qu'elles ont maintenant
quatre mains sans plus un chant
que voici mortes
désertées
J'ai goûté à la fin du monde
et ton visage a paru périr
devant ce silence de quatre colombes
devant la mort de ces quatre mains
Tombées
en rang côte à côte
Et l'on se demande
À ce deuil
quelle mort secrète
quel travail secret de la mort
par quelle voie intime dans notre ombre
où nos regards n'ont pas voulu descendre
La mort
a mangé la vie aux oiseaux
a chassé le chant et rompu le vol
à quatre colombes
alignées sous nos yeux
de sorte qu'elles sont maintenant
sans palpitation
et sans rayonnement de l'âme.
(Hector de Saint-Denys Garneau, Regards et jeux dans l’espace, 1937)
Source: http://francais.agonia.net/index.php/poetry/13975517/Petite_fin_du_monde